Le CERS ?
Ici c’est le vent du Nord !
Relevé sur Wikipédia : « C’est un vent venant du nord-ouest de Narbonne, parfois très violent, soufflant dans le Languedoc près de la côte. Il est toujours sec, froid en hiver ; dans les terres de l’ouest, à partir des îles charentaises, le cers devient la galerne.
Les Romains, découvrant le site de la futur ville gallo-romaine de Narbonne, parlaient d’une ville vénéneuse quand le vent marin soufflait et favorisaient le paludisme et d’une ville venteuse quand le Cers soufflait et assainissait l’air. Ils ont fait du Cers un dieu : « Cersius »
Nous le connaissons, le vent du Nord, pour s’insérer dans les moindres interstices, et, en plein hiver, nous frigorifier, même à 15°C !
En rafales, en bise franche, après avoir caressé la Montagne Noire ou les Pyrénées, il vient nous rafraîchir l’été et nous geler l’hiver ! »
Sa force vigoureuse permet de chasser les miasmes du vent marin ( on dit qu’il chasse aussi les idées : les mauvaises mais aussi les bonnes !)
M. Michel Bourzeix, directeur de recherches honoraire à l’INRA nous fait part de quelques informations sur le cers, le plus ancien nom de vent de France : article MidiLibre
« S’inspirant de l’étude intitulée « Le Cers : le plus ancien nom de vent de France », texte non publié d’André Bonnery, docteur en histoire, il nous informe que le Cers, provoqué par la dépression dans le golfe de Gênes, souffle en toutes saisons, près de 3 jours sur 4.
S’il pouvait parler, le Cers vous dirait qu’il chasse les nuages, donc la pluie, et induit un ensoleillement record, et qu’il est donc très sain. Dans la moitié ouest du Languedoc Roussillon et notamment au bord du golfe du Lion, le cers régente ce climat si lumineux et la vie elle-même. Les arbres penchent vers l’Est, la nature indique la direction exacte du cers : d’Ouest en Est. Les anciennes habitations, tournent le dos au cers, ce qui permet des économies de chauffage et de climatisation. Généralement les façades, les grandes ouvertures, terrasses, piscines, cours, gazons et jardins sont soigneusement aménagés à l’Est.
À l’abri du cers, le cadre de vie est très agréable. Le cers n’est pas une tramontane, mais au contraire, un vent de plaine, il passe entre le Massif central et les Pyrénées par le seuil de Naurouze. Sur le Golfe du Lion, il n’y a aucun vent du Nord, seul le cers vient de l’intérieur des terres.
Les Romains avaient édifié un temple dédié au Dieu Circius (nom latin du cers) sur les hauteurs de St Cyr, à la limite des communes d’Ouveillan et de Sallèles-d’Aude. Il apparaît que ce temple se situait à l’épicentre de la zone la plus ensoleillée de France… »
Le climat du département de l’Aude
Un ensoleillement important
« Soumise aux influences méditerranéennes et océaniques, l’Aude bénéficie d’un climat marqué par une forte présence des vents et un ensoleillement important. Ces éléments combinés avec les reliefs du département expliquent la variété de la végétation que l’on retrouve sur son territoire et l’importance du gisement énergétique, éolien et solaire, du département ».
Depuis la tempête Xinthia qui a changé les couloirs venteux, il semblerait que le CERS soit moins âpre, nous permettant de garder le meilleur : sa brise rafraîchissante
Un département fortement soumis aux vents
« Les deux vents audois principaux sont le cers et le marin.
Le cers est un vent de nord-ouest qui souffle environ 270 jours par an avec souvent des pointes supérieures à 100 km/h, les rafales pouvant atteindre 120 km/h. Froid en hiver, chaud en été, toujours sec, il amène le beau temps en dégageant les nuages et donc la pluie.
Provoqué par la dépression dans le golfe de Gênes, il est produit par un flux maritime d’air frais d’origine atlantique qui traverse le midi toulousain, s’amplifie dans le couloir du Lauragais par le seuil de Naurouze, pour devenir violent et irrégulier sur le Narbonnais.
Le nom de Cers vient du latin Circius, désignant le dieu pour lequel les romains ont construit un temple sur les hauteurs de St Cyr, à la limite des communes d’Ouveillan et de Sallèles-d’Aude. Ce temple, aujourd’hui disparu, a été édifié en l’an 14 par l’Empereur Auguste à l’occasion de son séjour de 4 jours à Narbonne (Narbo Martius).
La nature elle-même, et plus particulièrement les arbres de la région narbonnaise, indique la direction exacte du cers ; en effet, la force de ce vent empêchant le développement des branches vers l’ouest, toutes poussent en direction de l’est.
Le marin (plus connu à Toulouse, sous le nom de vent d’Autan) est un vent de sud-est provenant de la mer ; il amène humidité, brumes côtières et parfois pluies. Antagoniste du cers, il est moins fort et plus régulier. Toutefois, le marin est quelquefois violent et très humide et ses précipitations peuvent être conséquentes. »
« Cers et Marin
- La plaine de Narbonne est toute entière soumise au climat méditerranéen : étés chauds, hivers doux, pluies faibles mais brusques.
- Notre terre souffre de vents rageurs : Le Marin (Sud) apporte des pluies jusqu’aux Corbières Le Cers (nord, nord-ouest) souffle deux fois plus.
- Notre région est ventée et ce tout au long de l’année. Le vent qui souffle le plus est le CERS , également appelé TRAMONTANE .
- Le MARIN ou MARINAS souffle également quand le ciel s’assombrit. Le Marin quelquefois souffle de l’Est, et est alors appelé le GREC , d’autres fois il souffle du sud-ouest et on le nomme BARDANIS
Temple Circius
- Le Cers est une divinité symbolique dont Pline le Jeune a dit « C’est le vent le plus célèbre de la Narbonnaise ; il ne cède à aucun autre en violence. » Les Romains avaient édifié à Narbo un temple à Circius
Le Vent et la Santé
- Au milieu du 19ème siècle, un docteur narbonnais, Louis de Martin, écrivit à propos des influences des vents narbonnais sur la santé des habitants de la ville : « Pendant l’Antiquité, le CERS était le vent le plus connu pour sa violence dans la province narbonnaise. Les Romains le considéraient comme une divinité . Ils étaient sûrs qu’il permettait de corriger l’humidité et d’assainir l’air. La salubrité de la ville de Narbonne, entourée d’étangs, était due au CERS. Pour cela, ils avaient bâti un Temple à la gloire du dieu Circius. Ils lui faisaient des sacrifices alors qu’il avait déraciné des arbres et emporté les toitures, car ils considéraient que plus il était violent, plus il purifiait l’air. «
- Si le CERS est le vent dominant à Narbonne, le MARIN fait lui sentir ses effets négatifs. Quand il souffle plus d’un jour en continu, l’air respiré à Narbonne devient très humide. Quand il se calme, l’atmosphère devient lourde. Les murs, les pierres se couvrent de sueur, les pavés des rues s’humidifient, les bois se gonflent, les vapeurs d’eau se condensent sur les vitres, les viandes périssent. Hommes et bêtes s’affaiblissent ; bouger devient malaisé ».
« Un temple et des cérémonies pour calmer les ardeurs destructrices du Cers et surtout le remercier de chasser les miasmes portés par les vents de la mer. Un respect analogue me fit écrire, 2500 ans après le Kirkios des Grecs (1) :
« Mon pays est un océan de vignes au bord de la mer, couru par des vents dont les noms s’écrivent avec la majuscule. Je le vois en été quand une houle de pampres se donne à la caresse du Marin ou résiste aux rafales du Cers . » (3 premières lignes Le Carignan, 2008).
Malgré cet ancrage formel dans l’antiquité, le Cers ne bénéficie pas du label des Appellations d’Origine Protégées (AOP), alors que la tramontane, vent générique « d’origine européenne » est promue de fait… La faute aux Languedociens trop français, la faute aussi à une amylase « républicaniste » trop franco-française, nordiste et accessoirement orientée sinon dévoyée ! Vous remarquerez qu’il suffit de remplacer « vent » par « vin » pour obtenir une argumentation inversée bien que toujours dans le même sens, toujours à notre détriment, fût-ce de la part des imbéciles, des crapauds baveurs…
Qu’on dise à tous les panurgistes nomenklaturistes (2) et aux Languedociens qui n’y entendent pas malice que depuis les Romains sinon les Grecs, « Cersius » désigne le Mistral et le Cers, seuls, sur les bords du Golfe du Lion, à avoir la particularité d’emprunter un couloir entre les montagnes : la vallée du Rhône pour l’un, le Lauragais et la vallée de l’Aude pour le second. Ajoutons que le Cers est mentionné sur nombre de roses des vents, notamment en Arles (3), à Toulouse (vent d’ouest humide). En Espagne (4), c’est le « Cierzo », jumeau du Cers et du Mistral.
En ce qui nous concerne, que le Cers soit rétabli dans l’estime et la connaissance de tous les peuples de France, depuis le Lauragais (5) et son aire évasée, en embut (terme occitan, entonnoir en français) avec pour limites Agde au Nord (6) et Salses au Sud, frontière historiquement protéiforme (militaire, administrative, linguistique… gastéropodique, si, si… ). Et si cette limite joue aussi pour lui, le mystère demeure concernant son emprise sur ce piémont magique des Pyrénées que sont les Corbières. Dans quelle mesure, en effet, appartiendraient-elles au Cers ? Après des recherches aussi longues que vaines, c’est en anglais (6), sur Tripadvisor, qu’une piste s’est enfin ouverte : « The dry vent Cers brings cold weather from the Northwest while the vent Marin brings warm, humid air from the Mediterranean Sea (7). »
En attendant de poursuivre cette passionnante quête, terminons en précisant que si le mot cers (ou çers) existe en Roussillon, les Catalans tant du Nord que du Sud parlent de tramontane jusqu’aux environs de Tarragone où le cierzo reprend ses droits. Soit, mais en Roussillon, une fois passé le Fenouillèdes occitan, la tramontane, contrairement à celle qui descend de la bordure du Massif Central, souffle-t-elle de manière autonome ou n’est-elle pas seulement héritière du Cers des Corbières ?
Soyez gentils d’excuser une agressivité à mettre sur le compte vivifiant du Cers ; n’allez pas penser que « Le vent qui vient à travers la montagne m’a rendu fou (8) ! », chez nous c’est le vent d’autan, tout le contraire du Cers qui est qualifié de « vent du diable » et de « vent fou », lorsqu’il se renforce vers l’intérieur. Et si, malgré la prudence dont il ne faut pas se départir sur l’Internet pour séparer le bon grain de l’ivraie (pour le vannier, bien sûr…), mon propos demeure partial, que quelqu’un me prouve que la tramontane, cette montagnère, mérite sa majuscule.
(1) La référence au passage des Grecs (env. –) fait dire à André Bonnery, docteur en Histoire, président, entre autres, de la Société d’Etudes Historiques de Trèbes, dans une étude non publiée : « Le Cers : le plus ancien nom de vent de France » !
(2) L’ouvrage collectif « La langue de Rabelais » met le mot « Cyerce » dans la bouche de François Rabelais (1483 ou 1495-1553), écrivain humaniste de la Renaissance : « Ce bon vent de Languegoth que l’on nomme Cyerce ». L’ouvrage précise que dans le Languedoc occidental, « cers » désigne le vent de nord-ouest déjà relevé par Pline en Gaule Narbonnaise et défini par Jean Doujat (1609-1688) dans son dictionnaire de la langue toulousaine, en tant que « vent d’occident, contraire à l’antan sud-est » (sic). L’article cite aussi le dicton « nautique » « Labech tardié, cers marinié » très contradictoireet auquel nous préférons « Labech tardièr, cers matinièr » (labech de fin de journée, cers au matin).
(3) Au rang des « aurassos », les vents forts d’hiver exactement à 303,75 degrés, ce qui correspond à 20h15 au cadran sur 24 heures de l’horloge de la mairie de Salles-d’Aude).
(4) Le long de la vallée de l’Èbre de l’Aragon et la Navarre jusqu’au delta.
(5) Tréziers (Aude / entre 300 et 530 m. d’altitude) aux confins de l’Ariège, non loin de Mirepoix. Sur le site robert.faure.pagesperso-orange « Ainsi le logement du desservant appelé « la capélanie » contre toute logique était adossé à la façade ouest, à l’opposé du village. C’est l’endroit le plus exposé aux vents de Cers et aux averses de l’hiver ». Plutôt que de limiter le passage du Cers au seuil de Naurouze, il faut considérer le Lauragais au sens large, entre la montagne Noire au Nord, le Plantaurel et les Corbières au Sud…
(6) Le site Hérault-tribune mentionne la tramontane et le cers pour l’aéroport de Béziers, aux abords de Cers, le village dont l’origine est partagée entre la forme en circulade et notre vent / J’ai cherché aussi « Alignan-du-vent », à côté de Pézenas mais l’appellation ne désigne qu’une zone favorable à l’implantation d’un moulin…
(7) Il faut que ce soit les Anglais, un peu comme pour la connaissance de l’occitan avec des spécialistes allemands qui ont une longueur d’avance… Peut-être encore une conséquence du jacobinisme à la française !
(8) (Victor Hugo. Guitare / poème repris par Brassens Gastibelza) ».
Merci à tous ces émérites informateurs !
Merci pour l’article d’autant qu’au fil de la lecture il m’a fallu un moment pour réaliser que mon diptyque a été bien partagé avec « Qui trouve le Cers perd la tramontane https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/qui-trouve-le-cers-perd-la-144171
Sinon d’où mon incursion présente, à voir les flux de vent qui s’engouffrent parallèlement par le Rhône, l’Aude et l’Ebre, je cherche un comparatif justement entre les trois.
Un dernier mot, j’ai vu récemment qu’à Pézenas, si la rose des vents ne parle pas du Cers, la tramontane ne vient que du nord quant à la fréquence faut encore chercher…
Merci pour votre commentaire. Cersement vôtre !
Intéressant de découvrir l’origine de son nom de famille.